Le lundi 23 septembre, tôt le matin, le quartier général du général Omega, commandant de la branche armée des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), FOCA, ainsi que les positions des forces spéciales de ce mouvement, ont été attaqués par des éléments identifiés comme appartenant aux FARDC. Les affrontements ont causé des pertes des deux côtés, mais l’opération visant à neutraliser le chef de la branche armée a échoué.
La confusion était totale. Au départ, l’attaque a été prise pour une bavure, mais les combats se sont poursuivis pendant trois jours. Même les patriotes Wazalendo, en première ligne face aux rebelles RDF/M23, auraient été ciblés, provoquant colère et désarroi parmi la population locale.
Pour rappel, dans leur avancée, les rebelles avaient pris le contrôle de points stratégiques, notamment des axes routiers reliant Goma au reste de la région, ainsi que des cités minières comme Rubaya et SOMIKIVU, leur permettant de s’autofinancer et de se renforcer avant les négociations. Lors de ces pourparlers qui ont suivis, de Luanda, Kinshasa a catégoriquement refusé tout dialogue avec les rebelles du M23, que le président Tshisekedi a qualifiés de « coquille vide », préférant négocier directement avec Kigali. Aux discussions de Luanda, il a été question d’une opération de neutralisation des FDLR, une proposition à laquelle Kinshasa s’est également opposée.
Cependant, malgré le refus de la ministre des Affaires étrangères de signer les accords de Luanda, l’opération a tout de même eu lieu. Serait-ce le résultat d’une réunion secrète ayant modifié la situation ?
Un document confidentiel, signé à Rubavu (Rwanda) par les chefs des renseignements de la RDC, de l’Angola et du Rwanda, prévoyait une opération de neutralisation sur cinq jours. Bien que les parties aient initialement été en désaccord, sous la pression occidentale, le président angolais aurait utilisé son influence pour conclure cet accord. Des questions subsistent. Selon certaines sources, un commandant de l’armée aurait outrepassé les ordres en déclenchant l’opération conformément au document de Rubavu, malgré le refus de catégorique de Kinshasa de mettre en œuvre ce plan.
Dans un entretien exclusif que Rudakangwa Justin, un cadre politique des FDLR à eu avec notre correspondant, il exprime son inquiétude quant à la cause profonde méconnaissance des causes réelles du conflit.
Comment pouvez – vous expliquer ce qui s’est passé le 23 septembre lors des attaques des vos positions par les FARDC:
Nous n’avons pas encore tous les éléments mais, tout ce qui a pu se passer, nous le trouvons déplorable.
Le Congo fait face à une guerre qui lui a été imposée par le régime du FPR au pouvoir à Kigali. Le M23/RDF massacre le peuple congolais ainsi que les réfugiés rwandais que nous protégeons depuis des décennies. Pourtant, on continue à nous considérer comme une force négative, alors que nous avons toujours vécu en paix avec les peuples autochtones. Demandez-leur, ils vous en témoigneront.
Comment réagissez – vous lorsqu’on vous désigne comme un mouvement terroriste ou génocidaire:
C’est la politique habituelle diffamatoire du FPR qui qualifie de la sorte toute personnes ayant une vision différente de leur politique. Ce qui est dommage c’est que l’opinion publique continue à être manipulée malgré les preuves et témoignages fragilisant la version officielle qui continue d’affluer. La question réside dans une mauvaise lecture des événements qui ont bouleversé notre pays, le Rwanda, depuis 1990, surtout lors des événements de 1994. Le monde entier nous considère injustement comme un mouvement génocidaire, alors qu’à aucun moment, ni dans nos statuts, ni dans nos communiqués, nous ne promouvons de telles idées. On évoque que certains de nos commandants ont fait partie des FAR les Forces Armées Rwandaises de l’ancien Régime, comme si cela suffisait à nous qualifier de génocidaires.
Si c’était le cas, demandez-vous pourquoi aucun de nos hommes rapatriés ou capturés au front n’a été amené jusqu’à présent devant la justice pour ce genre de crimes ? Ils sont plutôt réintégrés dans les RDF et ramenés ici pour tuer leurs frères.
Il faut aussi rappeler qu’il existe encore beaucoup de zones d’ombre autour des événements de 1994. Le TPIR n’a jamais pu démontrer la préparation d’un quelconque génocide, et aucune autre preuve ne permet de qualifier le régime d’Habyarimana de génocidaire. De plus, il a été délibérément décidé d’omettre la responsabilité du FPR dans ce drame.
Comment un crime aussi mal élucidé peut-il servir à stigmatiser tout un peuple ou un mouvement révolutionnaire comme le nôtre ?
Les FDLR ne figurent même pas sur la liste des organisations terroristes ; leur condamnation est seulement médiatique.
Malheureusement, à cause de cela, le monde entier ferme les yeux sur les crimes commis contre notre peuple, car l’opinion publique croit que c’est le sort que nous méritons. Ce sentiment d’injustice qui persiste ne peut malheureusement qu’agraver une situation qui est déjà préoccupante.
La réalité est tout autre, et nous comptons bien nous faire entendre par tous les moyens possibles.